Nous avons vécu un moment magique en octobre dernier lors d’une soirée de festivité soulignant l’ouverture de notre boutique Chlorophylle sur la rue Sainte-Catherine de Montréal. Notre ambassadeur depuis 1991 Mario Cyr, plongeur professionnel, donnait alors une conférence intime à moins d’une vingtaine de privilégiés, tous pendus à ses lèvres savourant ses périlleuses aventures. C’est que ce témoin des 38 derniers hivers derrière sa lentille de caméraman - plongeur en a long à raconter. Retraçons quelques savoureuses anecdotes.

Texte: Manon Rivard

1. Ses premières images: le coup du hasard

Il a fait ses premières images sous-marines, par pur hasard, en 1984. Il était alors plongeur commercial, notamment pour aider à la construction de pont ou de quai par exemple. Il passait généralement 45 à 50 minutes sous l’eau à l’époque, tandis qu’aujourd’hui il peut être 4h consécutives sous les eaux froides. N’est-ce pas fascinant l’incroyable capacité d’adaptation du corps humain? “Quand on lui laisse le temps, il va s’organiser pour bien vivre dans cet environnement-là”, dit-il.

Il jouait à ce moment le rôle d'accompagnateur d’une équipe de tournage aux Îles-de-la-Madeleine, parmi laquelle, le caméraman arrivait de Californie, où l’eau est clairement plus chaude! Au bout de 15-20 minutes, il avait bien sûr très froid. On sortait de l’eau une vingtaine de minutes, pour ensuite replonger de nouveau. Ainsi de suite pendant trois jours, se souvient Mario. “Le réalisateur commence à paniquer un peu parce que le temps avance, laisse-t-il tomber. Et tout simplement pour être gentil pour les aider, je leur ai dis montrez-moi comment la caméra marche et quand le caméraman va sortir pour se réchauffer, je vais tenter de faire des images.

C’est ainsi, tout à fait par hasard qu’il a fait ses premières images. “Je sais que ce ne sont pas les meilleures de ma vie, mais ça m'a permis de sauver le tournage”, rigole-t-il. À sa grande surprise, deux mois plus tard, la même compagnie l’a rappelé pour voir s’il pouvait les suivre du côté de l’Alaska. Il a accepté parce que le contrat était pas mal lucratif, et surtout, que l’aventure allait lui permettre de plonger en Alaska.

2. Chasser la peur

A-t-il peur de côtoyer toutes ces grosses bêtes dans les profondeurs, comme l’ours polaire ou les morses par exemple? Oui, mais fait intéressant, Mario Cyr nous rappelle que les mammifères marins n’attaquent pas sans avertir. “Les narvals ou les phoques vont envoyer un chapelet de bulles pour nous avertir que justement, on se trouve dans leur bulle. Ils vont aussi gronder sinon, ou faire le tour de nous à toute vitesse. C’est signe que je n’ai pas d'affaires là.”, dit-il en riant. Il y a donc un genre de respect entre l’homme et l’animal et il suffit d’être à l’écoute des avertissements pour s’éloigner du danger.

D’ailleurs, saviez-vous que les ours polaires souffrent aussi des oreilles lorsqu’ils plongent trop profondément dans l’eau? À trois ou quatre mètres de profondeur, ils remontent illico vers la surface car la pression affecte leurs tympans. Au départ, Mario Cyr était effrayé par la bête et utilisait une cage de protection sous l’eau pour prendre des images. Il a pu s’en détacher en apprenant qu’il lui suffisait de nager vers le fond s’il se sentait en danger parce que l’animal, lui, ne pourrait pas le suivre.


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3. Témoin des changements climatiques

D’hier à aujourd’hui, Mario Cyr s’est ainsi imposé comme étant au premier rang du triste spectacle de la transformation de notre territoire en raison des changements climatiques.

Dans les trois dernières décennies, chaque année, il prenait des images de phoques du Groenland aux Îles-de-la-Madeleine à tous les hivers. “Il n’y avait pas de questions à se poser, tranche-t-il. On savait qu’à partir du 25 ou 26 février, les phoques arrivaient toujours à la même date. Dans les dix dernières années par contre, six fois nous n’avons pas pu y aller. Pourquoi? Parce qu’il n’y a presque plus de glaces dans le Golfe du St-Laurent.” Dans les années 90, il y avait environ 92 à 97 % de glace nous a-t-il expliqué et l’année dernière, à peine 22 à 25 %.

Qu’advient-il des phoques qu’ils voyaient chaque année? Il faut savoir qu’il y a environ 15 % de la population, notamment les mères, qui viennent dans le golfe pour donner vie à leurs blanchons. Elles recherchent la glace la plus épaisse, afin d’y mettre bas. Ces dernières années, c’est plus vers le Nord où elles la trouve, à la hauteur de Blanc Sablon. D’ailleurs, le saviez-vous? Les mammifères marins peuvent conserver leur bébé dans leur ventre de 7 à 10 jours de plus si le temps n’est pas clément ou qu’un prédateur rôde.

 

4. Son animal préféré est l’ours polaire

Extraordinaire! Phénoménal! Voilà les qualificatifs que Mario Cyr attribue à son animal préféré, l’ours polaire. Il y a 600 000 ans, confie le caméraman - plongeur, les ours polaires n’existaient pas. Ce sont en réalité des descendants du grizzly qui ont dû grimper vers le nord pour aller chercher de la nourriture et ont dû s’adapter en raison de l’environnement et de la température. “Ils sont devenus blancs pour se cacher parmi la neige par exemple”, récite-t-il. Également, les pattes avant ont doublé de superficie par rapport à leurs prédécesseurs et leurs pattes sont palmées pouvant ainsi nager pendant 10 jours sans s’arrêter soit environ 320 km de nage. Ils peuvent aussi sentir un phoque jusqu’à 5 kilomètres de distance. Avant 1995, ils mangeaient de 40 à 50 phoques par an. Avec la fonte des glaces, les populations les plus au sud peuvent passer jusqu’à 2 mois de plus par an sur la terre ferme, alors qu’il n’arrive pas à se nourrir correctement. Ils ont besoin de glace puisqu’ils vont attaquer les phoques qui viennent respirer dans les trous qu’ils font sur la banquise. L’ours peut parfois attendre jusqu’à 24h sans bouger en attendant sa proie. Phénoménal, disait-il, avec raison. Malheureusement, dans 20, 30 ou 40 ans, il n’y aura plus non plus de glace très haut au Nord du globe et toute la population vivra la même réalité cruelle.

5. Un moment privilégié avec une grande bossue

Il nous a raconté, les yeux encore plein d’étoiles, un moment de grâce avec… une baleine à bosses! C’était du côté de l’Atlantique, raconte-t-il, et il a passé près de 5 heures en sa compagnie. "C’est tellement intelligent cette bête-là. Quand tu nages et qu’il y a son gros œil qui te suit, je vous jure, ça donne des frissons. J’ai vécu un moment extraordinaire”.

Pour avoir un aperçu des œuvres photographiques de Mario, consultez le site de Plongée Alpha

Saviez-vous que…

Un manteau signé Mario Cyr

- Nous avons produit pour lui un manteau sur-mesure afin de répondre à ses besoins spécifiques lorsqu’il se trouve en expédition nordique. Découvrir le parka Banquise.

 

Mario Cyr est devenu l'un des rares spécialistes mondiaux de la plongée en eau froide. Il a filmé des scènes époustouflantes et uniques de la vie marine aux pôles arctique et antarctique, ainsi que dans tous les océans de la planète.

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