Se perdre en forêt: comment y faire face?

Michel Tremblay

Spécialiste de survie en forêt, explorateur, aventurier, formateur, conférencier et auteur

Publié le 06 Décembre |Dernière modification le 20 Novembre

Michel Tremblay ambassadeur Chlorophylle

Vous êtes-vous déjà perdu en forêt?

Tout d'abord on se dit « ce n'est pas vraiment possible que ça m'arrive, je connais le coin ».

Il y a une montagne d'un côté, un lac de l'autre et je viens souvent ici, mais ça c'est en prenant un raccourci où lorsque la lumière décline et que le décor bascule. Les vallons s'intensifient, les ombres s'entremêlent les ténèbres et le froid s'installent…

À ce moment, certains perdent la tête et tout bon raisonnement. La panique s'installe et ils décident coûte que coûte de se sortir de cette situation sans constater qu'ils ne font qu'amplifier la situation en s'enfonçant davantage en forêt.

Malheureusement, il y a tant d’histoires avec ce scénario qui reviennent annuellement.

Alors, comment réagir à cette situation?

Vous n'êtes pas mort, gardez la tête froide, le calme et le sang-froid sont de mise. Regroupez-vous, évaluez la situation et faites l'inventaire de ce que vous avez en votre possession. Ceci vous permettra de prendre connaissances des outils et des ressources qui vous entourent. Couteau, briquet, allumettes, eau, nourriture et vêtements adaptés au climat devraient être un minimum en sortie plein air.

Cliquez ici pour lire notre blogue sur quoi amener avec vous en forêt!

Si vous avez un téléphone cellulaire en votre possession et que le réseau est satisfaisant, vous pourrez signaler votre présence aux autorités civiles qui prendront en charge l’appel et tenteront de vous secourir. Si le réseau est absent, comme c’est souvent le cas, vous vous féliciterez d’avoir averti un proche de votre destination, ce qui facilitera les recherches. Sinon, il faudra peut-être envisager d’y passer la nuit…

L’acceptation. Tant et aussi longtemps que vous n’accepterez pas que vous êtes perdus, vous resterez en mode : espoir, comme en attente et... comme le dicton le dit « qui se nourrit d’espoir risque de mourir de faim ».

Le fait d’accepter la situation vous fera passer en mode « action », donc, proactif. Cette étape est très importante psychologiquement. Devenez économe d'énergie en minimisant vos déplacements.

Peu importe la saison, l’hypothermie demeure le principal danger dans nos forêts.

Alors, afin de combattre celle-ci, choisissez un emplacement pour faire un feu ayant les caractéristiques suivantes: le mieux protégé des éléments possibles, assez dégagé afin d’éviter une propagation éventuelle, avec beaucoup de combustible à proximité tout en étant visible pour le repérage. Une fois allumé, car ça ne sera pas nécessairement facile de l’enflammer, ce feu sera un réconfort psychologique et thermal. Il deviendra un phare afin de vous permettre de circuler autour de cette zone, tout en signalant votre présence. Prévoyez une quantité astronomique de combustible pour votre feu, car il se consume très rapidement.

Toujours afin de combattre l’hypothermie, l’abri sera la prochaine étape. Si jamais vous avez été prévoyant, peut-être avez-vous apporté une couverture de survie, un sac à ordure de grand format (orange), un bout de polyéthylène ou une petite bâche afin d'économiser beaucoup d’énergie et de temps lors de la fabrication de votre abri.

Sinon, vous n’aurez d’autre choix que de vous rabattre sur un modèle conventionnel en appentis ou en A. Heureusement que vous aviez pensé emporter un outil de coupe!

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Isolez-vous du sol avec votre sac à dos, du branchage ou toute autre matière à votre portée. Celui-ci dégage bien de l’humidité et du froid. Protégez-vous-en! Peut-être avec la technique du banc de parc.

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Vous pourrez aussi ajouter d’autres moyens afin d’attirer l'attention des équipes à votre recherche. Les vêtements colorés contrastant avec les couleurs de la forêt sont tout indiqués. La colonne de fumée que dégage votre feu est un autre bon moyen. Le traçage au sol est très efficace vu des airs et le sifflet fixé à votre sac à dos vous évitera de vous époumoner si quelqu’un se rapproche de vous au sol.

Mettez toutes les chances de votre côté!

Heureusement, statistiquement parlant, les égarés sont habituellement retrouvés quelques heures après s’être perdus, et ne passent que rarement la nuit dehors. Mais, ça ne veut pas dire que ça n’arrivera pas. Alors cette prévoyance d’équipement ne peut qu’être bénéfique sans pour autant alourdir votre sac à dos. Pensez-y, ça devrait être une bonne habitude à adopter.

On ne sait jamais. Soyez prévoyant!