Le clou du voyage en Bolivie pour le clan Roy et D’Amours est sans aucun doute l’excursion à bord d’un 4 x 4 dans le Gran Lipez jusqu’au très attendu Salar d’Uyuni. Une excursion réservée à l’avance, auprès d’une agence locale trouvée sur Internet, qui nous a permis de conclure notre escapade en famille en Bolivie sur une aventure incroyable. Marie-Ève, la maman, décrit ces quelques jours mémorables.
Naïve ou insouciante face aux endroits que nous allions visiter, je croyais que l’on resterait uniquement dans l’environnement du Salar Uyuni, un incroyable désert de sel. J’étais loin de me douter que nous aurions droit à tout qu’un safari bolivien, avec des espèces animales diversifiées… Et que dire des endroits visités: des lagunes colorées, des geysers naturels et des déserts. Ces cinq jours à parcourir des chemins, découvrir des richesses naturelles et des paysages à l’état brut ont été une expérience inoubliable.
Jour 1 : les dangereux chemins du Grand Lipez
À 8h tapant le matin, nous retrouvons notre guide, Gilbeth, et Paméla, notre cuisinière dédiée, au point de départ, le Refugio du Tupiza. Ils seront de véritables perles, qui nous amèneront un réconfort dans cette aventure aussi déstabilisante et mémorable.
Le voyage a commencé difficilement car il n’y en a pas de facile à rouler sur un chemin de gravelle, à travers les méga-côtes de 4000 mètres, au bord de précipices. Il faut savoir qu’au moins 26 personnes ont perdu la vie depuis 2008 sur les chemins du Grand Lipez. Est-il important de rappeler l’importance de faire affaire avec une compagnie ayant des véhicules en ordre et bien entretenus?
Au premier arrêt, malgré un Émilio très malade, des vents à décorner les bœufs et le mercure sous zéro, nous étions un brin découragés par cette aventure avec un grand « A ». On a cependant conservé notre sang-froid et avons poursuivi notre route vers les dunes de sable géantes de la Valle Del Encanto (La ville de l’enchantement). Ce décor de sable et sculptures de roches, étaient tellement beau! Ça a fait du bien❤️
Ensuite, nous avons eu droit à un safari bolivien! Nous avons pu observer des centaines de lamas, de vigognes, d’alpagas, d’autruches, de viscaches (des gros lapins à longue queue typiques des Andes), ainsi qu'une variété d'oiseaux, de condors et de renards. C'était le rêve de Beber qui se réalisait, en rencontrant tous ces animaux tant désirés ! Outre cela, que dire des paysages complètement hallucinants et des montagnes multicolores à perte de vue.
Côté altitude, nous avons monté jusqu’à 4700 mètres, sous un soleil radieux et frappant. Le vent n’avait pas dit son dernier mot, je croyais que mes enfants allaient s’envoler en gravissant la montagne! Quant au dodo à Guadalupe, un village très isolé d’environ 200 habitants, nous avons été les 65e touristes à dormir dans cette installation, et d’ailleurs les permiers Canadiens/Québécois!
Les lèvres pratiquement bleues, nous avons couché "parent-enfant" dans un lit simple, tout habillés, dans une chambre où il faisait 2 degrés (alors qu'il faisait à l’extérieur -20°C). Il faut dire que le vent intense s'infiltrait sous la porte… Et que si nous avions envie, les toilettes étaient à l’extérieur de la chambre. Notre constat du jour? L’excursion en Bolivie = mode survie!
Jour 2 : des montagnes de toutes les couleurs
Chaque matin, l’adaptation nous frappe. Je m’installe entre mes 2 enfants à l’arrière du jeep et aussitôt décollés, je sens mes mains moites, mes aisselles mouillées… Je me demande si je vais mourir ainsi. Ça me prend une bonne heure pour me sentir à l’aise et en confiance pendant nos déplacements périlleux. Des croches comme jamais vus, à travers les montagnes hautes de 5000 mètres d’altitude, avec des précipices où l’on ne voit pas le fond tellement c’est creux… Juste de l’écrire, je respire encore mal. Mais… c’est en revanche MAJESTUEUX!!
Nous roulons à longueur de journée (6h par jour) sur les mythiques chemins des Incas, qui ont ensuite été élargis par les Espagnols pour exploiter les mines et finalement travaillés pour se déplacer à travers l’Altiplano qui signifie « plaine d'altitude » en espagnol, situé au cœur de la cordillère des Andes.
On ne pensait pas que les montagnes pouvaient avoir autant de couleurs et de textures (végétations variées, pierres volcaniques, sables) remplies de petits arbustes et de petites buttes vertes nommées Yareta (racines et sèves aux vertus médicinales).
On ne voit pas les heures passées entre les paysages à couper le souffle et nos sorties spontanées de découvertes cachées, comme les vestiges de ruines incas ou de villages espagnols encore debout aujourd’hui. Les randonnées à travers la végétation désertique, sans oublier les nombreux cours d’eau glacés que nous devons traverser fréquemment. (l’eau pratiquement à la hauteur de la porte...) L’aventure, vous dites?
Jour 3 : des coups de cœur en rafale
C’est dans la réserve protégée du Los Lipez, Quentana Chico, que nous passons la troisième nuit. La plus froide depuis le début et ce, même si on dort avec nos sacs de couchage -5°C, nos combinaisons, nos manteaux de duvet et nos bas de laine. Ce matin-là, c’est le chant d’un coq qui nous a réveillés… Après avoir déjeuné avec nos gants – tout le monde était frigorifié! –, nous étions impatients de retourner dans le 4 X 4 pour grimper le chauffage au max. À ce moment-là, notre corps est toujours en mode adaptation, puis la fatigue et l’énergie sont à la baisse.
Malgré ces défis, la récompense que la nature nous offre est un vrai régal : un lever de soleil avec un troupeau de lamas, le ruisseau et la verdure glacée. Par la suite, le Desierto de Dali et des montagnes colorées nous en en ont mis plein la vue.
Des coups de cœur en rafale? Le volcán Licancabur (5960m d’altitude), qui est à demi-endormi, suivi par notre saucette dans les aguas termales de Polques desquels nous sommes sorti le corps « reposé ». Ensuite, le geyser Sol de Mañana où nous avons vu plusieurs mares de boue bouillonnantes (à 500°C!!!) et puantes… Enfin, la Lagune Colorada, un lac de couleur rouille, teinté par du plancton et riche en minéraux.
Jour 4 : un coucher de soleil mémorable à Salar d’Uyuni
Jamais je n'aurais imaginé vivre une nuit pire que les dernières, et pourtant, notre 4e matin m’emmène à me sentir une mère à court de moyens pour aider Émilio qui souffre de tous les maux possibles. En constante adaptation, aurions-nous atteint la limite possible? Nous avons demandé d'adapter notre journée et la fin de l’excursion. Heureusement, notre guide a trouvé un hôtel avec une chambre équipée d'une petite chauffrette pour nous aider à lutter contre l'humidité. Plus tard, il nous a conduits pour admirer le coucher du soleil depuis le Salar d'Uyuni... Il n’y a pas de mot pour décrire la beauté naturelle qui se retrouve devant nos yeux. INCROYABLE, mais pourtant si vrai!
Jour 5 : la finale de l’expédition!
Après la plus belle et longue nuit de notre escapade, nous voilà prêts à découvrir le plus grand désert de sel au monde, soit de près de 11 000 km². Tout au long du Salar, on retrouve des milliers de cactus, comme jamais nous n'en avons vu depuis notre départ. Que c’est impressionnant! Longer le Salar nous donne l’impression de rouler sur le bord d’une mer blanche, avec l’horizon à perte de vue. Le reflet fait l’effet mirage avec le soleil, formant une hallucination ou plutôt une illumination comme si c’était la mer. L’immensité du paysage, de la beauté pure, donne pratiquement des frissons. Quelle émouvante beauté naturelle!
En roulant directement sur le Salar, un souvenir remonte où j’ai l’impression que j’avance sur la neige pour aller à la pêche sur la glace. Pourtant, la texture est très sèche et bien solide… C’est pratiquement impossible de regarder à l’œil nu tant c’est aveuglant.
Puisque nous sommes en hiver en Bolivie (avec six mois de différence entre nos deux saisons climatiques), c'est actuellement le pic de l'hiver, comparable à un mois de janvier chez nous. Par conséquent, le Salar est sec. En été, on retrouve une fine couche d’eau qui éblouit et donne l’effet miroir. L’évaporation de l’eau qui est dans le sol, forme des alvéoles par milliers, à perte de vue. Elles sont si solides que même quand le 4 x 4 passe dessus, elles demeurent intègres.
Bon à savoir, le sel que l’on retrouve à la surface est comestible. Oui, tout le monde y a goûté, même les enfants en ont fait une microréserve question de ramener un peu du voyage au fond de leur poche.
Nos recommendations
La norme en terme de jours d’excursion dans le Grand Lipez est de 3 jours.
Est-ce qu’on ferait autrement? La réponse, c’est non. On garderait certainement nos 5 jours d’aventure… Par contre, on aurait aimé avoir plus de repos au moment d’arriver dans nos hébergements par exemple pour relaxer, lire ou jouer aux cartes. Cependant, il faisait si froid que c’était difficile à tolérer.
En conclusion, cette expédition du Grand Lipez nous aura coûté 3000 $ canadien (logé et nourri). Nous recommandons de bien magasiner votre agence avant de réserver votre expédition.
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